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des nouvelles et des news
3 mars 2016

Au travers d'une éternité

Il est heureux et confiant. De nature sérieuse il est ce matin d'allure enjoué. Dans la nuit, encore une fois il a fait le plein d'inspirations, alors d'un pas décidé il traverse la salle de rédaction du journal et se pose devant son pc. Quelques mails envoyés, deux chroniques à terminer. Mais déjà son esprit s'évade. Il rompt le rythme et se laisse porter dans sa félicité, son jubilé. Il l'évoque, l'invoque presque, elle est sienne. Il inhale son essence, son goût suave et sucré.

Il en frémit, un peu brisé. La journée va être longue avant de la retrouver.

Il a conscience de son bonheur tout frais, a du mal à réaliser encore comment tout cela arrivé.

Dans la salle de réunion, il rejoint ses collègues irrités, cette fois-ci il ne se laissera pas embarquer, il est autrement transporté. Machinalement il caresse la table centrale, un énorme bureau qui trône là depuis des années, très vintage mais ils ne veulent pas s'en séparer. Sa main effleure le bois usé, il pousse même des dossiers pour mieux le caresser. La chaleur du bois le sécurise, lui insuffle un sentiment d'éternité. Ce bureau témoin de tant d'histoires racontées, de griffonnages et de conflits, de scoops et désordres.

Elle est heureuse et confiante. Pour être dans le mouvement elle eu la bonne idée de se faire couper les cheveux. Balayée sa tignasse, s'ébroue et sent le vent sur sa nuque, sensation agréable et glacée, frissonnante, elle pense à cette nouvelle liberté. Avec son insolite apparence un peu arrogante, l'allure gracieuse et altière, elle traverse le couloir pour se diriger vers son bureau. Plusieurs dossiers s'y sont accumulés, les courriers des lecteurs du journal à traiter. Comme enivrée, elle se met à l'ouvrage, elle a plein d'idées. Parfois, pourtant elle suspend son geste et se remet à penser à ses dernières heures de félicité. Elle sent encore ses bras l'enlacer, sa force et sa protection l'a submerger, tandis qu'il se perd dans son étreinte, le visage illuminé.

Elle frémit, encore grisée. La journée semble s'éterniser.
Elle est sur un nuage, comment tout cela a t-il pu lui arriver. L'aurait-elle rêvé ?

Lorsqu'elle pénètre dans la salle de réunion, son visage se porte sur la toute nouvelle table de réunion, que l'on vient de livrer, un immense bureau en bois, elle imagine déjà toutes les histoires à raconter, les griffonnages et les conflits, les confidences, scoops et désordres, dont il va être le témoin.

Il est ensorcelé et mentalement la remercie d'un sourire ingénu . Il a trouvé son inspiration, il n'en doute pas, désormais elle est son souffle.

Elle est magnifiée, elle présage avoir trouvée son guide, accostée à une digue elle va cesser de divaguer, se poser pour mieux créer.

Pourtant ils ne se connaissent pas, ne se sont jamais rencontrés.

Le bureau, dans la salle de réunion, a été livré le 1 juin 1922, depuis il y est resté, son bois s'est élimé au cours de toutes ces années, les réunions se sont enchaînées, successions de rédacteurs, défilés d'enragés, de créatifs enfiévrés, d'écrivaillons et génies. Eux aussi y ont trimé, s'y sont échinés.


Assise dans son époque, elle traverse les années folles, elle est jeune et libérée, milite pour une l'autonomie, écrit et rêve de lui.

 Assis devant son café, son 3ème SMS envoyés, il est effaré de sa vie qui défile, du temps qui s'écoule à un rythme effréné, mais il lui semble serein, ce soir il l'a retrouvera, il l'a tant désirée. Il sent que dorénavant il va maîtriser le temps.

Dans leur trouble, dans leur quête, en rêve, ils ont réussi à se rencontrer.

Il, elle, éternité entremêlée, au cours d'un même songe, ils se sont aimés

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